• Ignorance / libération

    Durant la petite enfance, la subjectivité renvoie à l'univers ou à l'ignorance la plus large part de ses conditions de vie.

    Avec l'âge et la responsabilité, l'inquiétude grandit et on pense toujours maîtriser une part grandissante de son destin et du monde... Mais cette part depuis laquelle nous pensons maîtriser, elle-même, nous ne la maîtrisons que si peu, nous en sommes le jeu. C'est la profonde illusion de la maîtrise. 

    On pense devoir tout maîtriser. On se retrouve de la sorte "intranquille", à agiter ses pensées incessament, à formuler nos univers existentiels, a former nos points de vue, sans que cela ne change quoique ce soit ou ne fasse sens. 

    Mais en définitive, il ne faut pas oublier être enfants de l'univers. La subjectivité est une part infime de notre être qui s'étend jusqu'aux confins de l'ignorance.

    Laquelle ignorance... Est libre des entraves humaines, de ses taches et de ses nuages.  Laquelle ignorance originelle est notre état d'être de l'enfance : une vie où rien ne nous revient en propre, où rien de ce qui apparaît ne relève de notre fait, ni ne doit être gardé, conservé à tout prix, en vertu d'impératifs qui défieraient le temps.

    Car tout ce qui apparaît est le fruit et non la source, tandis que l'on confond précocement la la source (ignorance et gratuité) avec l'apparaître, les conditions et le jeu de jouissance du corps.

    L'ignorance originelle, c'est labsence d'inquiètude, l'état libéré qui est en même temps la source de l'apparaître, libre de la manifestation.

    Que l'on situe cet liberté avant ou en même temps, l'absence de la manifestation est en effet nécessairement liberté par rapport à celle-ci et ignorance de son souci.

     

    Mais nous n'avons pas confiance en notre nature originelle.

    Nous situons notre essence dans la manifestation et nions notre continuïté ontologique avec la source, l'ignorance, l'absence.

    Nous y voyons en conséquence "le non-moi", "la mort", la "contradiction ultime" là où il y a continuïté et unité ontologique.

    Nous projetons à l'endroit de la source toutes sortes de croyances, de fantômes, de crispations mentales, de formations mentales alors que celle-ci est pure dès l'origine. 

    Ces formations que nous projetons, ce sont celles de l'identification et de l'attachement : nous projettons des phénomènes - éphémères par essence - comme substances, racines...

    Faisant celà, nous projetons en réalité des valeurs, des peurs, des attachements, des appréhensions...

    Là où nous sommes dans la même position que l'enfance : c'est à dire que la totalité du manifesté est impersonnelle, mais participe d'une modélisation universelle : impersonnelle donc, et évanescente depuis la racine : l'absence de manifesation ontologiquement nommé et appréhendée comme "ignorance" ; là où nous sommes toujours dans cette même position donc, à la place de l'ignorance originelle, nous projetons un savoir comme racine imaginaire de notre être, de notre manifestation, de notre présent.

    Ils goutèrent du fruit de l'arbre de la connaissance et prirent peur face à Dieu, ils se cousirent des feuilles de figuier pour voiler leur nudité.    

    Ontologiquement, nous projetons de l'être à la racine de notre ignorance (de notre paix), et cette projection est la racine de notre inquiètude existentielle. Nous projetons la notion d'une perte fondamentale (absolue) avec la perte de la vie, qui est corrélative de l'idée d'un gain fondamental (ontologique), avec l'apparition de la vie (toujours singulière), dans l'apparition de la subjectivité - soit dans la reconnaissance de la subjectivité. 

    Mais c'est à ce lieu précis de l'idée d'une plus-value, idée d'une différenciation absolue de l'être vivant, de la manifestation, d'avec le non-manifeste, qu'il y a une rupture et une aliénation ontologique : que s'ouvre le domaine de la perte.  

    Originellement et sans discontinuer, il y a corrélation, continuïté, du non manifeste de de la forme... Plonger en soi pour trouver notre racine la plus intime nous porte nécesairement vers cet ordre du non manifeste.

    Mais "c'est parce que nous avons l'esprit inversé", à savoir que nous confondons les productions depuis la paix et l'infinité, avec la paix et l'infinité elles-mêmes, avec l'absolu, que nous devenons en conséquence absolument inquièts et absolument sujets à la perte. 

    La grande erreur d'interprètation serait d'en déduire ici une apologie de l'absence et de l'ignorance, sans comprendre que l'issue se trouve dans la continuïté des deux aspects, de la forme et de l'absence, de la manifestation et de l'ignorance, de la source et des phénomènes...

    Quand les phénomènes ont leur valeur, leur grandeur, leur paix et leur magnificence, c'est lorsqu'il brillent dans la source : c'est à dire l'absence de manifesatio, la paix ou l'ignorance, qui cependant leur donne l'espace, leur être même, en les reliant à l'infinité et à l'indicible.

    La valeur d'un phénomène n'est jamais dans le phénomène lui-même, la valeur de l'expression est toujours dans le champ qu'elle dégage.

    Or à la fin, le champ, l'horizon de sens que dégage tout phénomène, quel qu'il soit, c'est tuoujours au plus largement la source pure, le non manifesté, ce àç quoi il n'est nécessaire nul ajout ni nulle construction humaine. 

    C'est dans ce travers en transparcence, que tout phénomène se révèle et que toute révélation peut être libération.  

    Retrouver la plénitude, limpide, est également  retrouver le noeud qui nous relie à l'univers, et par lequel peut résonner la paix, par delà les limites de la représentations en lesquelles nous nous débattons.

    Conséquence de cette vue : il faudra comprendre que conformément à notre essence, nous n'avons pas pour mission de libérer le monde ou des actions particulières à accomplir avant de rejoindre notre nature originelle !

    Nous sommes en permanence,d'ores et déjà dans cette nature originelle.Quoiqu'il en soit. Et nous pouvons nous libérer, la rejoindre, sitôt que nous abandonnons les vues fausses, c'est à dire toute identification excessive, appréhension, projection, évaluation excessive. Ce y compris projectyions de mythes, de Dieu, de devoirs... 

    Le mieux que nous puissions faire, en conséquence, est de la partager et de l'enseigner. Mais il n'y a pas d'attente, pas d'impératifs universels, comme enseignés dans certaines Théologie ou téléologies, qui sont nécessairement des aliénations universelles, puisqu'il est posé comme fable originelle à la construction de soi des impératifs reportés au futur, dépendant d'autres, d'un messie, de la science...  Et une historicité absolue en laquelle on nous coince.

    Mais ce n'est là, à nouveau, que notre propre fable


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