• Saisie

    Le moment de la saisie, de l'évaluation du profit, est le noeud du leurre. Le rapport à l'événement, au présent, est mis en perspective avec une entité close et isolée : le moi propre réfléchi. Or ce rapport va bien au delà, et en outre se dissout instantanément. 

    Tant que l'on ne voit pas que ce moment de saisie, qu'il soit jouissance ou non, en quelque manière qu'il soit évalué, n'a pas tant à être rapporté au "moi", mais à l'être en général, a "la volonté de puissance" disait très maladroitement Nietzsche, on touche le point de la souffrance.

    Si a l'inverse, on réalise que cette souffrance elle-même ne reflète pas un intérêt propre mais s'inscrit dans un fonctionnement de l'être, de l'expression, dont nous ne subsumons pas la source, qui n'est pas séparé du reste de l'univers, alors la liberté se fait jour.  

    La "propriation", est donc bien ici ne noeud de la souffrance : rapport à une entité idéelle, effets d'évaluation éphémères et nourris d'illusions perspectivistes.

    Comprendre qu'en son propre lieu, lieu de singularité, ce n'est pas "soi", mais un tournat, un biais de toute l'humanité, renvoie "l'être" de la jouissance/souffrance, l'être de la propriété, le sujet des attributs à ce qu'il est vraiment : ce n'est pas le "moi" - lequel est le produit - qui est en charge de l'investissement ! La racine reste libre. Retour à la réalité et à la profondeur de l'être : vision de l'arrière soi, de la profondeur non subsumée, qui nous forme actuellement.

    Non pas donc, que la profondeur de l'univers nous ait formés à la naissance une fois pour toutes (comme dans les schémas représentatifs d'historisation de soi sur une ligne du temps) , mais que ce fond de l'univers nous forme actuellement, dans toute sa profondeur, et en relation interdépendante avec toute l'humanité et le reste de l'univers. 

    Insondable nuit de l'être qui est également la véritable lumière et la sagesse.

    On estime à l'inverse nos raisons d'êtres et notre soi au gré des perspectives objectives apparues suivant les événements, nos souvenirs, notre logique, nos croyances, nos influences, notament médiatiques, littéraires... On estime également suivant modèles et stéréotypes, normes et émulations.

    Toutes ces évaluations partielles sont portées par notre singularité plus vaste, qui ne s'identifie, ou ne se réduit pas à un "moment" de ses productions.

    Saisissant le fruit de l'évaluation, de l'estimation, nous nous y enlisons comme si nous avions chuté dans le miroir, dans le reflet. Nous perdons la vision de cet être plus vaste que nous sommes.

    Dans l'espace, le lieu de cet être plus vaste : la profondeur du psychisme et de l'observation, nous laissons opérer les conditionnements sans les gérer. Identifiés à notre propre reflet "minute", à chaque instant, nous ignorons la part de notre être qui nous forme, qui agit notre conscience même.

    Alors que nous nous considérons par principe comme des êtres souverains (dans le jeu mirifique de la société), nous ignorons les processus psychiques qui agissent en nous et portent nos évaluations, humeurs, estimations, jugements, appréciations existentielles, représentations de soi.

    *

    Cette représentation de soi depuis laquelle, par principe, nous agissons, cette représentation de soi source ou origine, est la structure adaptative au champs social.

    Cette représentation de soi aura une part "ouverte" sur l'univers des valeurs sociales tel qu'elles sont partagées (émulées, jaugées, ajustées) à travers les sémiotiques de la communication, une part ouverte vers soi entendu comme la subjectivité propre, le "moi" profond, ou le "fort intérieur". 

    L'univers des valeurs sociales, l'environnement, est un champs de valeurs actif, en celà que les valeurs comportementales par exemple sont portées activement dans la singularité, à modeler la singularité et son devenir, par le jugement "des Autres singularités", qui portent retour sur la singularité, à chaque instant, selon son activité : paroles, actions, mimiques etc.

    Il y a donc une modélisation par l'environnement culturel, prise en charge, assimilée par l'appareil psychique singulier de telle manière à s'adapter son comportement par anticipation des estimations, jugements, réactions, appréciations de l'environnement social.

    La règle est ici : ce qui vaut pour un autre, pour tout individu, est valable pour moi. Reconnaissance essentielle d'être un élément agissant à même titre que les autres éléments humains observés aux alentours.

    On s'appliquera donc les mêmes règles que l'on applique aux autres et inversément, on appliquera aux autres les mêmes règles que l'on s'applique à soi-même. Ce de manière à avoir un comportement adapté, mais aussi (!) de telle manière qu'il se crée un champs d'objectivation, de référence, enveloppant aussi bien soi-même que les autres.

    Dans sa réalité,ce champs de référence commun est singulier, il fait partie du psychisme singulier, même si c'est en lui que s'opère la distribution des valeurs, des attributs, entre soi et les autres, dettes, espoirs, rancoeurs, évaluations de toutes sorte.

    Mais ce champs de référence a asussi sa part commune est celle de sa formation ou formalisation : les codes induits ont été apportés de "l'extérieur", depuis lenvironnement.

    Impersonnel fondateur, éléments de non-soi logés, constituants le coeur même de ce que l'on tient pour le plus propre... Lieu de réalisation aussi, du fait que le coeur de l'être, de notre singulérité n'est pas le propre. Ni le propre, ni le commun, mais au-delà de ces partialités constituées temporellement, culturellement, socialement, singulièrement... *

    La structure bi-face de cette réalité se noue dans le langage : l'audition et l'élocution, la matières en sont et ne peuvent être que singulières, mais la codification est extra-singulière : le sens ou le signifiant est réellement apport de "l'Autre". C'est dans le "verbe" que se porte l'ouverture.  

    *

    De la manière dont opère, bien que singulièrement, le champs de référence,  il conditionnera cependant l'ouverture ou l'échange réel avec l'environnement, l'autre, la réalité effective au sens de la totalité englobante, que l'esprit ne subsume pas.

    Nous sommes donc en présence d'une sorte de grille imaginative et adaptative singulière qui conditionnera l'échange et la communication réelle, laquelle s'opère à un niveau inconscient.

    Si à chaque instant nous formons les images d'un monde, des autres et de soi, (dans l'athmospuère diffuse d'une temporalité subsumante), à chaque instant cette saisie s'évapore, et n'était, au plus, que moment de l'activité dans la totalité.

    Outils, sens pratique, plutôt que réalité, la saisie et la représentation restent des histoires que l'on se raconte à soi-même, même si elles sont investies de toutes nos émotions, espoirs, rancoeurs et frustrations... 

    *

    La saisie de la réalité, en ce compris la représentation de soi, a donc une vérité pratique. Chacun peut en évaluer le degré de pertinence ou d'adaptation dans l'échange et le dialogue immédiat. mais cette vérité n'est donc bien que pratique. Le lieu où nous nous estimons résider est avant tout un lieu construit par notre psychisme.

    Les souvenirs, les valeurs, les expériences singulières, la position absolument singulière que nous avons au coeur de la réalité le soutiennent. La voûte céleste en quelque sorte, est un fruit culturel. Ou dumoins la voûte céleste teintée de temporalité,telle qu'elle se conçoit comme fond de la représentation, fond de vérité.

    * Observer ou comprendre le caractère absolument singulier du fond de vérité, du fond de l'être, des horizons de sens et de vérité, n'est pas une voie vers le "solipsime" et les délires totalitaires, paranoïaques qui en découlent.

    Tout au contraire, réaliser la singularité de toutes les représentations, valeurs, estimations fondées; en parallèle à leur provenance, structuration impersonnelle, c'est toucher le point de leur relativité processuelle, c'est donc pointer en soi la béance ontologique, l'ouverture au-delà de soi. C'est également toucher le point de la liberté et du sésinvestissement. C'est enfin, lâcher le mythe de l'intérêt propre, isolé, sparé, clos, comme piere angulaire, mythe fondateur de nos rapports au monde et de nos synthèses névrotiques.

    La lumière sur l'action  La justesse de soi

    Dissout l'ombre du moi  Fait voir l'intime corps

    Efface au plus profond,dissout  Dans le système du monde

    Le ciel et l'horizon  Des êtres balisés

     

    Et dans l'inervation   Des nerfs

    Dans l'au-delà du ciel   En soi

    Les nuages sont au ciel   Du mystère

     

     

     

     

     

     


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