• Le dépassement du nihilisme ne se fera que dans l'acceptation de l' "Autre" comme Ignorance ou comme Mystère.

    La morale nous éduque, nous a éduqué. Elle est un guide de chaque instant. La où Nietzsches voyait le nihilisme comme caractéristique de la morale, bridant la vie et les comportements, amenant à se dévaloriser soi-même, il y a un indice, mais aussi une extrême.

    La morale reste la piere angulaire de la formation de la singularité et de la différenciation. Elle permet d'appréhender les phénomènes et les comportements, de projeter la réalité de l'autre, et même de construire cet autre sur des principes.

    Sans le phénomènes moral, l'humanité n'existerait pas, au sens ou même l'immoral est lié à ce fait moral et calcule ses actions dans son champs, même si ce champs est inversé ou perverti.

    Quoiqu'il en soit, le nihilisme apparaît dès lors que la qualification - dans les références communes du langage, du champs de valeurs - dès lors que la qualification /appréhension donc prend le pas sur la réalité.

    La réalité de l'autre -notre propre réalité à tout instant - englobe et dépasse le langage, les évaluations que nous en forgeons à titre pratique ou contemplatif.

    C'est la brèche existentielle.

    Depuis Dieu, le clergé, le langage, les mass-médias, les axiomes de jouissances, les reconnaissances mutuelles, jusqu'à la singularité vivante qui enveloppe tout celà, il y a une brèche possible en laquelle il est nécessaire de s'avancer.

    La réduction de l'autre à l'image, à sa valeur sociale, à une évaluation depuis des critères pervertis, est en réalité le paradigme principal de notre société, tant et si bien que la plupart du temps, la vie se déroule sous une forme hypnotique où la confusion demeure. Confusion entre l'image et l'évaluation, la "vérité" de l'autre et sa "singularité" irréductible.

    Autrement dit, le nihilisme s'apparente à cette confusion depuis Platon, entre les idées qui seraient plus vraies que la réalité, et la réalité elle-même.

    Dès lors qu'un problème de dépression est en fait un symptome pouvant être traité avec un médicament, qu'une population génocidée est un aléa de l'histoire, qu'un parvenu milliardaire est un modèle de réussite (et non un grave malade psychopathe dénué d'empathie)... Dans tous ces cas de réduction il y a nihilisme parce qu'il y a confusion de l'image évaluée par convention molle avec la réalité.

    Mais il y a plus : la confusion de sa propre idée, au sens de l'idée que nous nous faisons de nous même, avec la réalité.

    De fait, il y a une forme d'ajustement social qui porte à former une image de soi existentiellement compatible avec une représentation globale de la société, de l'histoire, de la vie et de la mort.

    Cette formation s'est structurée à travers le langage et autres faits impersonnels... Mais à la fin, il y a une forme de noeud entre ces éléments, l'expériences singulière, les actions et réactions du milieu... L'image est utile, elle est un outil d'adaptation. L'image autant que l'idée abstraite bien entendu, toujours finement présente, et liées aux espoirs, aux angoisses, aux fins calculs de l'inconscient, aux appréhensions, aux anticipations etc. 

    L'ajustement est nécessaire, mais il demande également de la marge. Et le travail de libération pourra consister, à travers cette marge, à déconnecter de plus en plus l'ajustement machinique, idéel, des affects qui lui sont liés, pour s'installer dans une marge de stabilité et de vie réelle qui prendra le pas sur les influences excessives des idées, des qualifications et du langage, des normes et des images commanditées par un champs social devenu dérégulé, et en lequel on ne peut plus projeter la continuité de notre sens intime.

    Ou si on peut, et doit toujours projeter la continuité de notre sens intime dans le champs social, c'est par une reprise en main de sa direction, et non pas pour en demeurer l'objet. 

    Cette brèche et cette reprise en main est fondamentale. Autant la déconnection est absurde et impossible au demeurant (comme dans la morale ou le langage qui continuent dans tous les cas de forger, former et formuler le moi "propre"). Autant on ne peut cautionner la marche de monde. Autant on ne peut se confiner dans l'absurde et l'impasse.Autant cette redirection à partir de la singularité est nécessaire.

     

    D'un autre point de vue, prenons la réduction de la singularité vivante à son observation scientifique : la joie devient phénomène de joie, l'apprentissage devient phénomène de cognition, la mère qui éduque ses enfants devient une espèce de schéma biologique prévisible et nécessaire... Nous touchons là le coeur du nihilisme, le comble du nihilisme. Tout ce qui porte la vie, tout ce qui est foyer de valeurs de la vie, passe littéralement au second plan.

    Mais cela ne passe au second plan que parce que ce sera porté au second plan par d'autres foyers de valeurs singuliers, qui à leur tour portent le sens, et vont absolutiser, par la vérité présumée, la dépossession du foyer de sens premier comme sujet des sciences humaines.

    C'est le phénomène de "capital humain", des ressources humaines... Chacun comprend qu'il y a là une dépossession outrancière du foyer de sens, mais chacun s'en accomode comme d'une "nécessaire concession à la vérité". 

    Le problème étant qu'à l'arrière de cette vérité, en définitive, il y a la prise de pouvoir et l'asservissement par certains foyers de sens qui prédominent en anihilisant tous les autres aux alentours.

    Dans la réalité bien sûr les foyers de sens restent multiples, s'agencent et sont l'absolu pour chacun d'eux. Mais oppressés, niés, assouvis, asservis. Toute communication est ici rompue sous l'égide du modèle dominant et de ses modélisations.

    La manière pour les foyers de sens oppressés (autrement dit les singularités), de reprendre du sens propre, sera soit la révolution, soit le non-sens absolu de la mort, soit l'allégation aux idéaux et aux principes de la communauté subordonnée, soit la création singulière, la marge, l'espace, la respiration...

    Comme le langage, les normes de sens, qui viennent se loger dans un foyer vivant , sa "matière", sont données depuis la communauté (depuis l'impersonnel,le "dehors", le multiple / tout comme le foyer vivant est initialement impersonnel, universel, "absout", innocent, dépourvu de propriété et donc de perte et de profit, d'intérêt), comme il y a là communauté donc, il est tout à fait nécessaire et logique que le foyer de sens vise à fonctionner en communion avec la communauté. Or à ce jour nous avons remplacé le terme de communion par concurrence.

    On a donc un foyer de sens qui se définit en concurrence avec d'autres, pour se subordonner et se conditionner aux aléas des autres foyers dans la projections d'un modèle commun... Mais là où il n'y a plus de modèle commun ??!

    On récupère donc l'absence de modèle par la propagande publicitaire.

    On récupère la détérioration des foyers de sens singuliers par la mise en avant du cocooning, la consommation, le foyer au sens de l'habitat isolé. On vise à ce que chacun adopte un horizon de sens limité (proches, familles, possessions) afin de pouvoir se satisfaire, malgré la flagrance ignominie des multi-possédants, oppresseurs du monde et méprisant des milliards de vies tierces... !

    Mais voici que cela s'effrite à nouveau, car cette distribution des plus grosses miettes met en péril des milliards de personnes dans d'autres continents, et que cela devient flagrant. Et à ce moment là où la bonne question serait de se poser : quel projet de vie mondial, commun? Apparaît la guerre portée par la craqure entre ceux qui ont perdu tout horizon de sens, et ceux dont l'horison de sens s'assimile à l'absolue domination nombriliste, intriquée millénairement dans l'histoire du monde et la formation des civilisation.

    Car bien entendu, les phénomènes que nous vivons actuellement sont portés par des sciècles d'interdépendance où il aura manqué la juste remise en question, la juste orientation, où il y aura manqué la marge et la remise en question.

    Quoiqu'il en soit, entre les zones de domination absolues, où le sens égocentrique s'émule aveuglément  jusqu'à tirer la sciences, "le progres" et la "civilisation" dans le sillage de sa domination, et les zones où les foyers de sens ont perdu toute accroche par rapport au réel, et de se fait se reconstruisent sur des idées abstraites autant qu'absurdes et aveugles, la zone tempérée de l'occident travailleur et valeureux, ou d'autres sociétés, pâtissent comme prises en sandwich. On les sent amenées à se prononcer pour les dominants comme des protecteurs, et à cautionner de se fait toute leur idéologie nihiliste.

    Mais on le voit, de bout en bout, c'est le nihilisme qui domine.

     


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  • La scission du psychisme, avec la partition, d'un côté, d'une vérité indépendante de la pensée et de la singularité au coeur de celle-ci, et de l'autre, de ce qui revient au moi, territoire, pensée consciente, revient bien primairement, à la duplicité du coeur.

    La vérité n'existe nulle part, toute vue de la vérité lui est contraire...

    C'est en effet, dès lors que nous ne sommes plus en unité avec la vérité admise comme paraître, vérité admise socialement, vérité admise comme norme, loi, dès lors que nous sommes dans la "transgression", notre propre unité de pensée, d'être, notre propre psychisme se brise et se scinde.

    Bine qu'il veuille se tourner vers une direction, une autre part, contradictoire, vient contrarie l'unité et la vision de la totalité.

    Le chemin du dépassement revient au dépassement des contradictions, au dépassements des croyances, au dépassement de la culpabilité.

    Il n'y a pas de mauvais karma passé, toute pensée à propos du karma est un flux de pensées actuel.

    Le ciel de vérité moral, le ciel de vérité qui nous ouvre l'extension du monde psychique que l'on attribue à l'extérieur (l' "ex" de l'existence) enracine par ses abscisses et ordonnées l'extension du monde virtuel dans lequel nous vivons.

    L'extériorité, le contexte, "l'autre", le dehors, sont en ce sens tout aussi bien construits, (reposent ontologiquement), sur des valeurs, des croyances, des contradictions, des souvenirs, des hontes, des préférences, des superstitions ...

    L'autre est aussi bien une synthèse de nos propres sens, idées, flux psychiques,synthèse portée en association par des valeurs négatives.

    Et notre propre déterminisme peut également être agit à contrario par des synthèse négative et par une sorte d'ingérence interne par rapport à notre évolution et notre paix de l'esprit.

    Aussi cette image de la légende : "ils mangèrent du fruit de la connaissance et se trouvent bânnis du royaume de Dieu, soit de l'unité". 

    Au coeur de notre construction du monde et de la construction de soi se trouvent les valeurs morales qui distribuent les intensités, les désirs, les tensions, les appétences. Les valeurs morales qui formatent l'action. 

    Ces valeurs morales peuvent être responsables d'une scission dans notre propre psychisme, créant une dualité, une confrontation, une contradiction dans l'unité.

    Nous prétendons que c'est sur ces dualités que se forme l'existentialisme, l'idée de soi et des autres, le développement du temps, le support à l'imaginaire du temps et à l'extension de l'histoire. 

    Lorsque nous vivons dans une histoire, dans l'histoire que nous nous racontons, dans notre propre histoire.

    Si des valeurs morales, enfouies, constitutives, sont à l'oeuvre dans la formation de notre histoire, dans sa constitution, dans son évaluation incessante, on réalise à quel point il y a une forme d'inconscient au coeur de la conscience, laquelle se fait le jeu, la plupart du temps, de nos propres contradictions en profondeur, tandis qu'à la surface se déploie le paraïtre de notre activité et de notre "existence".

    Autant de modèles, par ailleurs, que nous suivons, comme des types, des idéaux, et auxquels nous pensons répondre librement.

    On pourrait de la sorte, dans le fonctionnement du psychisme ordinaire, suivre des modèles erronés parce que fondamentalement on fuit une opacité profonde, une contradiction profonde, des conflits internes de valeurs, des hontes, des culpabilités. On recouvre de la sorte des traces avec des nouvelles trace, et on s'enfonce de plus en plus dans l'erreur et la contradiction, les tensions, l'insatisfaction. 

    On donne lieu, dans cette insatisfaction profonde et opaque, à des modèles, des idéaux, des aperceptions qui sont des croyances erronées, qui sont entièrement dominées par "les puissances du faux".

    Parce qu'il y a opacité par rapport au fond pur de la vie, par rapport à sa "délivrance originelle", on répond à cette opacité en rajoutant des idéaux de fuite, qui sont une manière de réjouter des traces sur des traces, de "rééquilibrer limage de l'être" en empâtant toujours plus le tableau", et au final de transmigrer toujours dans la vie et la mort, la souffrance et la contradiction plutôt que la délivrance du coeur.

    C'est de la sorte qu'aujourd'hui les contradictions apparaïssent au grand jour, la félomnie jusqu'à l'absurde est affichée sans que l'intelligence du coeur ne semble plus réagir, tant tout pensée et intelligence pointant de puis la transparence a été recouverte par des injonctions, manipulations d'ordre pragmatique, en un mot, tant les traces ont recouvert les traces, tant l'opacité a gagné.

    D'où la révolte de la jeunesse à laquelle on oppose le principe de réalité et la "real politique".

    Mais tous les individus ne sont pas prêts à entrer dans le cynisme au nom du principe de réalité, là où elle s'appuie sur des conventions humaines sournoisement tournées pour l'oppression d'une minorité sur la majorité réduite en dépendance et esclavage.

    Malheureusement, on constate à quel point les révoltes de la jeunesse en Afrique ont donné lieu à la guerre, à l'anarchie, et à la violence sans bornes causée par une pensée d'attardés soutenue par les armes les plus meurtrières et cruelles.

    L'attardement de la pensée, l'opacité, revient aux différentes factions, y compris celles qui ont pour principe la vente d'arme, l'oppression, et l'enrichissement ultime de leur clan familial, sur une domination mondiale. Vivre dans une telle pensée sans réaliser le véritable principe de réalité : le partage, la communaiuté, l'absence de soi, est une errance au plus haut point dans les terres du bânnissement de l'unité, du partage, de la paix.

    Ces termes bibliques ne sont pas employés pour les scénariser depuis un monde transcendant, mais parce qu'ils sont conceptuels, un racourci,  ils agrègent dans leur unité différentes vues et valeurs, telle que la contradiction des principes de concurrence et d'unité, d'accaparement et de paix, d'unité psychique et de domination, d'expuslion des autres de son propre jeu de psychisme.

     

     

     

     

     


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  • Voici des années qu'on nous bassine avec le problème de la société de consommation et la création de besoins. C'est devenu un lieu commun, le dire n'a plus aucun impact, rien ne change, personne ne comprend l'enjeu réel. 

    L'enjeu réel est que dans cette forme de civilisation il y a dévalorisation de la vie pure, de la vie tout court. Fragmentation, addiction et dévalorisation. C'est une forme de nihilisme. 

    On parle beaucoup de la perte de sens, il faut l'observer également comme une perte du jugement, une dégradation de la capacité d'évaluation des actes.

    Plus la représentation de la réalité (et de notre activité toujours déjà inclue) est superficielle, déplacée, partielle, plus on perd le contact intrinsèque avec soi-même est le sentiment ou sens éthique immanent.  

    Ce sens éthique premier, recouvert, n'est peut-être d'ailleurs pas tant perdu que recouvert, et le sentiment de sa perte provoquerait une fuite en avant, une négation, une sorte de refoulement. Mais l'intime insiste cependant


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  • Le romantisme met en scène l'impossibilité de l'être. Comme cette impossibilité est parole et mémoire, image de l'absence, il pointe une existence néanmoins, à la limite du possible.

    Cette frontière ouverte qui nourrit les espoirs humains, qui s'engorge de sentiments, est une position limite. La foi que nous pouvons porter à cette position, c'est qu'elle pointe vers des trésors enfouis, des valeurs enfouies, une pérénité dépassant les apparence, un sens caché.

    Mais nous n'aurons jamais de confirmation de nos valeurs, en dehors des intuitions impalpables, de la brillance enfouie, et à la fin, de la prière comme vibration intime, comme forme ultime de pensée de compassion.


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  • L'aperception, la perception de soi par soi, qui dénote du paradoxe de poser notre vie la plus intime comme un fond étranger, s'opère comme une construction à travers des valeurs, des attachements, des mirages, des impératifs, l'espace et le temps, l'émulation sociale...

    Mais encore, elle se formule toujours comme une sorte de roman de sa propre vie.

    Si l'on observe, tout au contraire, qu'au plus intime de notre vie la parole n'a pas cours, les réprsentations s'effacent, alors ce roman que l'on étale devant nous comme notre aperception doit être abandonné, remis en cause.

    Et à fortiori, si nous parcourons ce roman, nous pourrons observer à quel point il est fondé sur des valeurs relatives, des exigences contingentes, des pulsions passées, des attachements à des contextes effacés, ou situés si loin dans la mémoire... Fondé aussi sur des frustrations, des complexes, des comparaisons... Fondé sur une recherche de reconnaissance et d'insertion sociale, qui renforce l'imaginaire et les liens aveuglants la conscience.

    Mais cependant, l'homme se considère à la pointe du réel, et dans cette réalité considère les constructions de soi, le grand théâtre qu'il forme de sa vie, comme l'ultime.

    Cette imagination qui n'a de cesse de formuler le monde, cette imaginaition qui fonctionne en corrélation avec nos affects, sentiments peurs, envies, croyances, cette imagination (qui forme en quelque sorte la sphère existentielle du moi) est donc est tenue pour la réalité.

    Bien qu'éphémère, évanescente, conditionnée, l'imaginaire romance du moi est postulée exister de manière ultime, sous un ciel de vérité.

    Car quoiqu'il advienne, ou quoiqu'il en soit, tout instant considéré, imaginé, même s'il disparaît, aura pour le moins existé. Et certes, notre configuration psychique aura existé d'une telle manière quoiqu'il en soit... Mais-est-ce pour autant qu'il s'agit là de l'existence d'un moi ?

    Poser la question c'est y répondre : comme tout instant de conscience s'évanouït complètement, pour laisser à la place à de nouveaux instants de conscience, tout instant du moi se sera complètement évanouït. Dans la nouveauté, l'altérité, le moi n'est qu'un rappel, qu'un fantôme!  Le moi pensé se sera évanouït, et sera repensé : repensé précisément par cette intimité première dont on s'est distanciés formant l'aperception véhiculée par le langage romanesque. 

    Aperception notamment formée à sa racine par les injonctions et les mots d'ordre émis depuis le champs social, depuis le langage de l'autre, et pointant notre corps ignoré.

    Ayant pris possession de ce langage pour nous même, nous aurons donc pris l'habitude de nous formuler à travers ce langage pour nous-même, suivant une forme d'indépendance et de liberté, qui courre cependant le long des affects et des événements.  

    Nous vivons de la sorte notre roman de manière fantomatique et hypnotique. Face à la réalité, nous invoquons le moi de tous ces instants perdus pour le ressusciter en sa nouvelle position.

    Forme de renaissance machinée dans les topiques de l'esprit, qui aura l'avantage de connoter toutes les positions d'échanges sociaux et matériels, les dettes, les attentes, les devoirs vis à vis de l'extérieur. 

    Ce roman de soi-même s'imbrique de la sorte dans le roman de nos proches, et plus largement dans le roman culturel de notre époque. A l'inverse, les règles de grammaire suivent ce fond culturel, et par règle de grammaire dans cette fabrication de notre histoire, nous pouvons tout aussi bien entendre les lois et les coutumes, les modes etc.

    Il y a donc là un jeu permanent de création. Mais cette création, ce théâtre, ne se développe qu'en soi-même. L'histoire que je me prète n'a que peu d'éléments communs avec ce que d'autres peuvent en conclure ou en percevoir.

    La folie de l'histoire, ou la pensée folle de Dieu, serait d'émettre l'hypothèse que l'histoire que nous nous racontons, que notre propre roman, est notre vérité en Dieu. Or cette position typique d'une paranoïa excessive est la position ordinaire du sujet dans notre époque. (Et tant que ce fonctionnement existe, la question de l'athéïsme ou de la croyance ne se pose pas, celà revient exactement au même. Ainsi Nietzsches disait qu'il ne suffisait pas d'avoir dépassé la superstion de Dieu, si c'était pour garder la même position de l'homme. A savoir selon nous, ce caractère romanseque entendu comme vérité se déployant)

    Parce que "Dieu" n'est pas l'absolu enveloppant l'image fortuite de l'être, mais le signe de l'autre, le concept subsumant notre corps, notre implication réelle dans l'interdépendance, dans la réalité commune. Implication dans la réalité des autres, dont les positions singulières nous échappent absolument. Dieu est ce signe de notre être inversé dans l'autre ou dans l'univers.

    Quoiqu'il en soit, se tourner vers la vérité et la sagesse nécessite donc d'abandonner ces formulations, projections de soi dans l'histoire que nous nous offrons à nous-même...

    Si cette histoire à la vertu de rendre osbcurément notre implication "dans l'univers et l'autre", en déduire la synthèse nécessaire, substantielle fixe d'un moi est l'illusion fatale qui accompagne cette nécessité d''ordre pratique.

    Abandonner ces projections existentielles, ces scénarisations, devrait se faire une fois atteint l'âge "adulte". Observant qu'il s'agit là d'une activité relative et évanescente de notre pensée, un moyen et non une fin, un outil et non une réalité.

    Mais cependant, nous ne faisons que suivre des schématisme, des règles d'écriture du roman, et suivant celà, nous obéissons également, aveuglément à nos envies. Parce que les règles et les attributs mentaux les recouvrent, parce que les mots, les idées et les formules les voilent. Nos pulsions, nos frustrations, nos motivations profondes ne sont en conséquence, la plupart du temps, que très mal conscientiées.

    Et ce malgré la scénarisation, ou justement du fait de la scénarisation! 

    Nous mettons donc en branle une machine sémiotique qui vient voiler la réalité première de notre organisme vivant, avec ses besoins. Nous nous projettons dans des mondes dont nous avons oublié même qu'il sont le fruit de notre imaginaition. Nous suivons des modèles d'action et de pensée qui sont des formes d'achétypes, de prototypes émulés, inconsidérés... Nous suivons ces modèles "de grammaire" comme des pantins et ignorons la réalité de notre affectivité liée à ces modèles.Nous sommes dépossédés. Nous nous rendons tristes par nos croyances, par nos histoires.

    En vivant de la sorte dans la sphère de la mémoire, du moi, en vivant comme un fantôme sans cesse ressuscité - ressuscité parce que nouvellement lié, résonnant à nouveau dans le passé -  réssuscité dans de nouvelles satisfations et projections, nous oublions l'instant présent dont émane tout ce processus.

    On sidentifie à la surface, à des différentiel, à des positivités.

    Nous nous sommes perdus dans le roman de l'être. Or "l'être", dans le fond le plus intime, peut-être se confond-il avec l'absence et avec la paix. Avec l'absence de toute saisie, de toute objectivation, de tout mobile.

    Ainsi si nous nous tournons vers les profondeurs, vers la paix, nous constaterons que la sagesse préverbale ne positionne, ne laisse apparaître aucune positivité.

    Les positivités, la prétendue positivité de l'être (qui s'oppose fatalement au non-être, à la disparition, à la mort... ) sont en réalité un jeu incesant de l'imaginaire et du langage, sur lesquels glissent les affects.

    Nous produisons de la sorte, sans cesse, des différentiels, ces différentiels que nous partageons, en outre, à travers le langage avec les autres : espoirs, attentes etc.

    Cet être que nous idntifions avec une positivité de principe (même si elle est négative), s'apparente toujours, en réalité, à un clivage au sein de la subjectivité, à une agitation mentale, à une poduction psychique.  

    S'il s'agit d'un jeu superficiel, il ne s'agira donc pas de la nature profonde qui conditionne et formule ce jeu. Cette nature qui nécessairement est au delà du jeu que nous identifions.

    On peut comprendre en conséquence que la spiritualité nous invite à "renoncer au monde". En renonçant au monde, on ne renonce à rien de substantiel :  on renonce au jeu des croyances illusoires que nous renforçons sans cesse, mais qui n'est qu'un fonctionnement partiel et précaire de notre esprit.

     

     

     


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